19/02 - 27/02 : Slavonski Brod - Niš

Albatros au lavage...
Albatros au lavage…

A Slavonski Brod, nous nous rendons compte qu’il serait peut-être bon, vu l’état des troupes de faire une petite pause… on profitera de cette journée de repos pour nettoyer les vélos en profondeur (merci Pierre), faire des courses et découvrir Kaufland (merci Claire-Marie). Il y a à peine 5 ans, il n’ y avait pas de supermarché en Croatie et voilà qu’il se dresse un peu partout des temples de consommation… Nous sommes donc aller rendre hommage à ce nouveau dieu et avons découvert avec stupéfaction les stocks croates. Même en France (en tout cas, au intermarché ou je travaillais), il n’y a pas autant de chaque produit !

Rayons saucisses de Kaufland...
Rayons saucisses de Kaufland…

Notre hote d`un soir

Notre hôte d'un soir

Nous sommes requinqués et partons pour une nouvelle journée de vélo. Pierre essaye des nouvelles techniques d’empilage de couches pour lutter contre le froid : pyjama au dessus du cycliste, double chaussettes, etc. (D’ailleurs, d’un point de vue ‘image de soi’, le pyjama au dessus du cycliste va être adopté par l’autre moitie de la troupe). Nous envisageons de reprendre le rythme de dormir sous la tente. On demande a un mec dans sa cour si on peut camper chez lui. Il nous dit qu’il préférerait qu’on dorme chez lui parce son chien, qu’il détache la nuit, est tellement méchant qu’il pourrait nous croquer (d’ailleurs, on devra même mettre nos vélos a l’abri…). Nous passons donc la soirée chez les Milojevič. Dragan, le fils ainé, notre premier interlocuteur, parle anglais. Cette famille est assez pauvre mais hallucinament accueillante !!! On nous prête des chaussons dès l’entrée, chacun dort sur un canapé, la maman dans le salon et les deux garcons (21 et 23 ans) dans une même pièce. Pour cette fois, ils dormiront tous les 3 dans le salon… c’est presque gênant. Notons d’ailleurs que les serbes font les lits d’une drole de manière : ils posent un drap sur le matelas, juste de la taille du matelas, puis un autre (nous verrons par le suite que celui là est en option) et empilent par dessus 2 ou 3 couvertures. Rien n’est bordé… Nous passons la soirée à jouer, nous apprenons à jouer au Sept, avec des cartes hongroises et nous faisons quelques parties de Jungle Speed. Le matin, petit dejeuner copieux accompagné de l’alcool local, le rakija (prononcer rakya) une eau-de-vie à la prune. Dragan nous a explique beaucoup de choses sur son pays, sur la Yougoslavie, sur sa culture (ils sont serbes), sur les habitudes orthodoxes… Nous partageons vraiment un bout de leur vie (11 degrés dans le chambre… et oui il y a un poele dans la cuisine et un petit dans l’entrée…). Le départ est émouvant, mais la suite nous attend ! Nous repartirons avec les repas des deux jours à venir !

Vélo... serbe

Vélo... serbe

L’arrivée en Serbie, à Šid est un peu ouf… Ca grouille de partout, les serbes ont l’air de rouler comme des fous, Martin nous avait prévenu que ça serait de plus en plus sale, ça se confirme… Ici en échangeant 70 euros, nous avons plus de 6000 dinars dans nos poches, ce n’est pas bien pratique surtout que les billets sont tres grands… mais bon, on est riches comme ça et ça nous fait bien rire !!

Le soir, en arrivant a Stremka Mitrovica, c’est le début d’une grande pièce de theatre, surement orchestrée par Emir Kusturica (soit dit au passage, ca se prononce Koustouritsa)… On cherche l’eglise catholique puisqu’on est samedi (cela se fait rare nous entrons dans les pays orthodoxes). Une fois devant le presbytère, il n’y a personne. Un homme passe, on lui explique qu’on cherche le prêtre. Il interpelle un autre passant et ils nous expliquent où trouver le prêtre. Nous suivons un troisième (ces gens se connaissent-ils ?) qui se propose de nous y emmener. Arrivés à l’endroit donné (notre petit cortège s’est alors gonflé d’un homme à vélo qui veut nous suivre aussi), une soeur nous ouvre, et nous comprenons par son visage que ce n’est pas possible de nous loger ici. Un 5eme homme apparaît au coin de la rue et parle anglais, avec tous ces gens réunis (certains ayant surement les infos qu’on cherche, d’autre sachant les traduire), nous essayons de connaitre l’heure de la messe. On retourne au presbytère accompagnés de ces passants. Si le prêtre ne peut pas nous loger, le 5eme homme nous explique que le 3eme (qui ne parle pas anglais mais tient à rester avec nous jusqu’au bout) nous payera une chambre d’hotel. Un prêtre arrive, mais ce n’est pas le chef, il ne peut donc pas décider de nous loger ou non. Il peut par contre parquer nos velos dans son garage. OK. Les deux hommes nous aident à prendre ce dont nous avons besoin pour la nuit et nous les suivons jusqu’à l’hôtel. Le deux hommes nous laissent 1/2h pour nous laver et nous poser et nous attendent à la reception pour aller boire un verre, ‘you are our guests !’. On se depêche, on les suit, et on obtient beaucoup de conseils pour la route à venir. Ils nous proposent de passer par l’autoroute -bienvenue en Serbie. Quand on leur dit que l’on ne peut pas avec les vélos, ils nous font un schémas nous montrant que l’autoroute est une 2 fois 3 voies et que l’on peut se mettre sur la voie de droite… L’un d’eux ira même au comissariat verifier qu’on a bien le droit d’y aller, en fait, comme en France c’est interdit, Ouf ! Ils nous racompagnent à l’hôtel et nous souhaitent bon vent. Ils espèrent que quand ils viendront en France nous leur payerons un verre ! Dimache matin, on file à la messe, surement la dernière avant un petit bout de temps parce que nous avons de moins en moins de choses en commun avec le rythme, même chez les catholiques. Nous sommes vraiment perdus et la langue de plus en plus loin de la notre, ne nous aide pas du tout.

Ivan et Claire-Marie

Ivan et Claire-Marie

En arrivant à Šabac, un homme nous félicite, il parle anglais et de fil en aiguille nous propose de squatter un appart vide qu’il a en ville et qu’il ne loue pas encore. Super ! En quittant l’apart le matin, nous réalisons que l’immeuble neuf dans lequel nous étions (standing moyen en France) est au milieu de cabanes en bois… en plein centre ville !! En quittant la ville, spectacle grandeur nature : en pleine zone industrielle, une caleche, mais pas avec des touristes, c’est juste un papy qui va en ville sur une remorque tirée par un cheval (dans quelques jours cela ne nous étonnera plus), quelques mètres plus loin, un tracteur tire deux remorques, dans la premiere 5 hommes nous saluent, comme si de rien n’était, dans la deuxieme, il y a les sacs de maïs qu’ils ont achetés en ville. Dans la même matinée nous découvrons qu’en Serbie, les mamies ne font pas les courses avec un caddie comme chez nous, mais avec une brouette !! Le midi, c’est le festival : des voitures au bord de l’explosion qui font plus de bruit qu’un scooter trafiqué, un semi-remorque qui a crevé et qui a simplement oté la roue et l’a accroché à son camion avec du fil de fer (il n’a donc plus qu’une roue sur l’essieu)…

Transport en commun serbe

Transport en commun serbe

Une Yugo

Une Yugo

Lorsque nous quittons l’hotel de Lazarevac, la dame nous dit qu’il y a une personne offerte parce qu’on est francais, cadeau de la maison ! Ce n’est pas la première fois que l’on ressent un traitement de faveur sans doute parce que nous sommes français et à vélo, on ne comprend pas bien pourquoi, mais on remercie les diplomates francais.

-Claire-Marie, sors les chaines !

-Claire-Marie, sors les chaines !

Pour éviter les gros axes (mauvais souvenir d’hier, les camions nous pluverisent de boue à chaque fois), nous ‘coupons’ par la montagne malgré les gros flocons qui tombent en ville. Nous voulons arriver à Rudnik ce soir, malgré les sourcils froncés des habitants locaux et leur conseils de s’arrêter. Mais nous sommes bien dans cette nature… On comprend en entrant dans la ville, après des passages un peu difficiles dans la neige, que c’est une… station de ski !! Nous sommes extenués, mais fiers d’être ici en vélo.

Nous redescendons la montagne nous le soleil, je sens que la journée va être radieuse !

Danses serbes

Danses serbes

Apres avoir passé Kragujevac et l’oppression que nous ressentons en velo dans toutes les grosses villes, nous reprenons la montagne, mais pas par la route que nous avions prévu, nous nous en rendons compte plus tard… c’est pas grave de toute facon, au final, on rejoindra la route prévue. On commence à chercher où dormir et la magie serbe reprend… Un homme, on l’apellera M. Schleker, nous demande de le suivre. Il ne peut pas nous loger mais est sûr, comme nous sommes francais, qu’il trouvera quelqu’un qui pourra. Pendant qu’il cherche, il nous dit de l’attendre au bistro et nous colle 2 coca. Nous sommes arrivés dans un village et pourtant des cars affluent de toutes parts, c’est l’effervescence, je sens que quelque chose nous échappe. Nous discutons avec notre voisin de table et il nous explique qu’il y a un concours de chants et de danses serbes retransmi sur radio et télé locale, c’est la folie ! Nous le suivons dans la salle des fêtes et goutons avec bonheur à la fête traditionelle. C’est d’ailleurs tellement la fête que le Rakija coule à flot et un chanteur n’arrivera pas à monter la 2e marche de l’escalier pour finir par terre, discalifié… A la fin du coucours, tout le monde se met à danser dans la salle, mais, la loi Evin ne faisant pas effet en Serbie, nous avons besoin de prendre l’air. Dehors, il fait nuit mais les vélos attirent quand même les gens, nous discutons, retrouvons schleker qui nous indique un homme, le fils de celui ci peut nous loger. Nous suivons le papi. Il ne parle pas anglais et a seulement quelques mots d’allemand, mais ca lui fait tellement plaisir de nous aider qu’il essaye de se faire comprendre par tous les moyens. Finalement on se rend compte que la langue n’est pas toujours indispensable quand l’envie de communiquer est là.

Claire-Marie s'est fait une copine

Claire-Marie s'est fait une copine

Nous arrivons chez Dragan (Les serbes s’appellent soit Dragan, soit Ivan) qui habite avec ses parents, sa femme et ses 3 enfants dans une petite maison made in Srbjia (non, non je n’ai pas oublie les voyelle, ici c’est en option, meme si on les prononce, il faut les deviner !!). Nous passerons une soirée en famille a discuter devant la télé (j’espère d’ailleurs que le jeu qui passait n’arrivera jamais en France : on pose des questions tordues et intimes à une personne qui est sous controle d’une machine à voir les mensonges et elle doit répondre en présence de ses proches… c’est interdit aux - de 18 ans et ça passe a 21h !!). Avant de partir au petit matin, on visitera le ‘ranch’ famillial : 3 vaches, 2 veaux, 1 chèvre, 4 moutons, 1 lapin, 6 poules, 3 cochons…

Plus que 7km...

Plus que 7km...

La journée est tres longue (nous ne sommes jamais partis avant 8h depuis longtemps) et nous avons envie de rejoindre Aleksinac (à 100km). Encore une fois, des gens nous dissuadent de poursuivre notre route (mais ils ne savent pas qu’on va en Mongolie !!) parce qu’il y a de la neige… En fait nous avons fait la douce erreur de ‘couper’ par la montagne (les grands axes, c’est vraiment pénible), et on nous annonce 7km de neige… On se dit qu’au pire on poussera les vélos et on campera un peu plus loin. On pousse en effet, mais on retrouvera le goudron, et on arrivera de nuit à Aleksinac. Rassurez-vous avec nos lampes et nos gilets nous étions mieux eclairés que certaines voitures…

Il ne reste que 35 km pour rejoindre Niš, une grosse ville ou nous pouvons trouver internet, nous les faisons dans la matinée. Nous entrons dans la ville par un drôle de quartier… On croit visiter le Caire puis Calcutta. Tout le quartier sert au traitement des déchets à ciel ouvert, un peu sur la route… des charrettes transportent toute sorte de choses, des tractopelles empilent, écrasent, mais tout reste sale. On continue, et en plein centre ville, on voit beaucoup de Roms qui se déplacent sur une remorque tirée par un cheval avec plein de detritus qu’ils ont recupérés ça et là. Heureusement nous trouvons un havre de calme au milieu de cette agitation dans une auberge de jeunesse et pouvons nous reposer. Ca fait quand meme bizarre d’entendre des sabots de cheval toutes les 1/2 heures environ qui passent sous la fenêtre du dortoir… aller, je vous partage une petite photo !

Autre Voiture Yougoslave

Autre Voiture Yougoslave

Bref vous l’aurez remarqué, on a quitté l’atmosphère un peu “grave” de la Croatie, ici, en Serbie on se marre bien !

8 commentaires

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  1. 28 février 2009 12:26, lien

    C’est trop bien…

    Ca fait plus d’une semaine que j’attends de vos nouvelles. Et c’est en arrivant dans le Doubs ce matin que je suis enfin rassasié.

    J’ai passé la semaine sur ma carte de l’Europe à essayer d’imaginer où vous étiez passé.

    La grosse Biz

    P.M

    Commentaire de Pimsalorange
  2. 28 février 2009 13:56, lien

    Merci pour cet épisode serbe qui change de la Croatie. Votre périple vous fait découvrir un panel très différent de paysages mais aussi de culture et de manière d’accueillir. La rencontre avec l’Autre semble changeante selon les pays mais toujours très riche. C’est incroyable! La neige a l’air d’être toujours au RDV malgré tout; Ici on apprécie beaucoup le soleil qui se fait de + en + généreux.
    Je vous souhaite tout le Bonheur du monde…

    Commentaire de Marie-Noëlle
  3. 28 février 2009 18:53, lien

    je sais qu’on vous le dit souvent dans les commentaires, mais vous êtes vraiment ouf!!! des kms de vélos dans le froid et la neige!! brrrr!!!!
    Heureusement que vous trouvez un peu de chaleur dans l’accueil serbe.
    On vous avait laissé en Croatie dans une aventure semble-t-il bien éprouvante, ça fait plaisir de voir que 15 jours plus tard, le moral semble être bien présent, et que vous profitez de chaque moment volé…. (ou plutôt offert par les serbes!)
    En tout cas continuez de nous faire partager au maximum toutes ces aventures formidables, à travers vous, on découvre de nouvelles cultures passionnantes. c’est vraiment génial.
    Je vous envoie tous les rayons de soleil et la chaleur que je peux pour que la neige vous laisse poursuivre votre périple sans trop d’encombres.
    Je pense bien à vous.
    bises
    svrn (serbe)

    Commentaire de séverine
  4. 1 mars 2009 9:59, lien

    mieux qu’un livre à suspens vos aventures sont merveilleuses à lire ….parce qu’elle ont le gout du vrai, et la chaleur des rencontres. Vous semblez bien dans votre element: confiants, accueillants envers les différences,audacieux un peu et les yeux grands ouverts. Merci mille fois pour votre temoignage, bonne route, nos pensées vous accompagnent.

    Commentaire de chemaly catherine
  5. 2 mars 2009 10:35, lien

    Bonjour à tous les deux,

    c’est toujours un grand plaisir de lire de vos nouvelles…on voit que les rencontres ne sont pas toujours simples, mais votre courage et l’admiration de tous les gens que vous croisez facilite peut-être les choses…Bonne route et plein de soleil
    Cécile

    Commentaire de Cécile et Damien
  6. 2 mars 2009 22:11, lien

    extraordinaire ! Tout est extraordinaire… Vous êtes extraordinaires…le paysage l’est aussi !
    Photos magnifiques… Je vous tire mon chapeau pour vos performances physiques et pour votre adaptation aux terrains. Merci pour tous ces moments que vous nous faites partager GG.ENCORE ENCORE ENCORE !!!
    Bisous du Maine et Loire…ne cherchez pas… C’est en France lol

    Commentaire de Sébastien (petit frère de Charlise)
  7. 3 mars 2009 17:57, lien

    Pierre, ton père a apprécié ton reportage sur les voitures. Merci d’avoir pensé à lui. Certaines sont des voitures d’avenir car non polluantes et économiques !
    Moment de bonheur ce week-end ou “Monsieur” Georges a rappelé à la communauté de Ste Thérèse que nous vous avions souhaité un bon départ il y a un peu plus d’un mois et que nous continuons de vous accompagner. Une affiche avec le tracé de votre périple et votre adresse de blog a été affichée au fond de l’église : cela permet les questions et les échanges.
    Sachez que beaucoup d’amis passent sur votre blog et nous partagent la joie de vous suivre même s’ils ne laissent pas de traces de leur passage
    Bizavou
    Marie Gazaniol

    Commentaire de marie gazaniol
  8. 3 mars 2009 22:26, lien

    Bravo pour ce que vous faites. Quand on vous voit ainsi dans la neige….brr !

    Bonne et longue route à vous 2.

    Commentaire de JF de Beaurepaire (papa d'Alice)

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